«U n milliard d'euros ! » Lorsqu'il évoque le montant que les pouvoirs publics vont investir à Saint-Etienne dans les dix prochaines années, les yeux de Michel Thiollière
pétillent. Et pour cause. « Jamais la ville n'avait connu de tels investissements, confie le maire de Saint-Etienne. Tous nos partenaires ont compris que nous nous attaquions à des travaux de grande ampleur et
leur contribution est à la hauteur de nos projets. » De la reconversion de l'ancien arsenal à la rénovation des quartiers de Montreynaud et Montchovet, en passant par l'aménagement des abords de la gare de
Châteaucreux, l'agglomération s'est, de fait, engagée dans d'imposants chantiers.
Frappée par une hémorragie démographique (40 000 habitants perdus en trente ans), ce qui a fait revenir la préfecture de la Loire à sa taille de 1954, la municipalité se devait de réagir. En
commençant par rénover l'habitat. « Notre ville souffrait d'une mauvaise image liée à un parc immobilier largement dégradé » , diagnostique Claude Marder, adjoint au maire en charge
de l'urbanisme. « Les cadres n'y trouvaient pas de logements adaptés à leur demande et avaient tendance à abandonner le centre pour se tourner vers les communes périphériques » , confirme
Marc Tailhardat, directeur de l'agence Century 21 de la place Jean-Jaurès. Une situation paradoxale quand on sait que 10 000 logements sont vacants dans la ville.
Pour faire revenir les « rurbains », comme les sociologues appellent ces citadins ayant choisi de vivre au vert, la municipalité a donc entrepris des gros travaux : la rénovation des quatre grandes places qui jalonnent
l'artère principale de l'agglomération (Jean-Jaurès, Hôtel-de-Ville, places du Peuple et Bellevue), la restructuration de la place Chavanelle (sous laquelle est créé un vaste parking souterrain). Mais la
réhabilitation de 2 500 logements insalubres en centre-ville suffira-t-elle à redorer le blason de Saint-Etienne ?
La hausse des prix de l'immobilier dans le quartier de Montchovet, premier bénéficiaire de cette grande opération de renouvellement urbain, le laisse supposer. Acheté 35 000 euros il y a quatre ans, un
trois-pièces de 70 mètres carrés a été revendu 45 000 euros au début de l'année.
Depuis la destruction en mai 2000 de « la grande muraille de Chine », l'une des plus impressionnantes barres HLM du département, les abords de l'école d'ingénieur et de l'université ont totalement
changé. « Notre politique, qui consiste à reconstruire moins de logements sociaux que nous n'en détruisons afin d'introduire davantage de mixité sociale dans les quartiers, commence à porter ses fruits
» , se réjouit Alain Cluzet, directeur du service de l'urbanisme. L'installation de la plus grande polyclinique privée de Rhône-Alpes a drainé une population nouvelle, notamment de personnels soignants,
intéressés par l'accession à la propriété. « Ce quartier constitue un excellent placement » , analyse Pascal Margerit, directeur de l'agence Guy Hoquet de la rue de la Montat. Il relève
que nombre d'investisseurs ciblent de petites surfaces, « plus faciles à louer à des étudiants » .
Les transformations que s'apprêtent à connaître le secteur Tarentaize-Beaubrun provoqueront-elles le même sursaut ? Pas sûr. « Ces quartiers situés au-dessus des galeries abandonnées
de la mine voisine présentent des sous-sols instables qui n'autorisent pas des travaux de grande ampleur » , note un bon connaisseur du dossier. La réfection de la gare désaffectée du Clapier et sa
transformation en café-concert, promise de longue date par la mairie, devraient néanmoins animer un peu le secteur.
http://www.jedeniche.com
|
- 
